Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/85

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Rachel, plus charlatane que jamais, a frotté une allumette au dos de sa main et toute la foire s’illumine du feu de sa vengeance. Dans son rêve, la coupable se voit soudain métamorphosée en femme de cire, allongée sur un lit de velours violet à l’entrée du Musée Dupuytren, le torse très délicatement nu. Mais deux paires de seins, l’une sous l’autre. La veuve, l’Italien, tous ceux de Picpus défilent. Quand tout le monde est parti, une affreuse bergère, de cire elle aussi, grand chapeau de jardin qui danse au vent, une paire de lunettes d’écaille sur son museau pointu de renard, corsage à falbalas, mais sans rien de la ceinture aux pieds, ce qui d’ailleurs ne fait pas des mètres et des mètres, car l’aimable monstresse, dépourvue de jambes, a les chevilles soudées aux cuisses, mène, un livre anglais à la main, paître les troupeaux des manèges. Cette affreuse bergère, une grande voyageuse qui a l’expérience des êtres et des choses et sait que les chevaux de bois ne se nourrissent pas d’herbe, approche du cercueil vitré où repose la belle aux quatre seins, et d’un coup de sa