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Page:Cros - Le Coffret de santal, 1879.djvu/154

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DRAMES ET FANTAISIES

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Aux monts où le soleil se couche
Emporté par des étrangers,
J’ai pleuré, muet et farouche
Tous mes ravissements changés

Les arômes en fades herbes,
Les diamants en froid cristal,
En loups gris les tigres superbes,
En sapin banal le santal.

Puis, mal consolé, sous les branches,
J’épiais dans les froids vallons
Les filles qui passaient si blanches,
Si graves, sous leurs cheveux blonds.

Mais ce n’était pas l’oubliée
Aux lèvres rouges de bétel
À ma vie autrefois liée !…
Que je souffre d’être immortel !

Corrects, le zinc et les ardoises
Des toits coupent le ciel normal,
On s’éveille aux maisons bourgeoises,
Je crois que je meurs de mon mal.