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Page:Curie - Recherches sur les substances radioactives, 1904.djvu/40

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M. CURIE.

minerais d’urane le baryum radifère, le bismuth polonifère et les terres rares contenant l’actinium. Ces trois premiers produits ayant été obtenus, on cherche, pour chacun d’eux, à isoler la substance radioactive nouvelle. Cette deuxième partie du traitement se fait par une méthode de fractionnement. On sait qu’il est difficile de trouver un moyen de séparation très parfait entre des éléments très voisins ; les méthodes de fractionnement sont donc tout indiquées. D’ailleurs, quand un élément se trouve mélangé à un autre à l’état de trace, on ne peut appliquer au mélange une méthode de séparation parfaite, même en admettant que l’on en connaisse une ; on risquerait, en effet, de perdre la trace de matière qui aurait pu être séparée dans l’opération.

Je me suis occupée spécialement du travail ayant pour but l’isolement du radium et du polonium. Après un travail de quelques années, je n’ai encore réussi que pour le premier de ces corps.

La pechblende étant un minerai coûteux, nous avons renoncé à en traiter de grandes quantités. En Europe, l’extraction de ce minerai se fait dans la mine de Joachimsthal, en Bohême. Le minerai broyé est grillé avec du carbonate de soude, et la matière résultant de ce traitement est lessivée d’abord à l’eau chaude, puis à l’acide sulfurique étendu. La solution contient l’uranium qui donne à la pechblende sa valeur. Le résidu insoluble est rejeté.

Ce résidu contient des substances radioactives ; son activité est 4 fois et demie plus grande que celle de l’uranium métallique. Le gouvernement autrichien, auquel appartient la mine, nous a gracieusement donné une tonne de ce résidu pour nos recherches, et a autorisé la mine à nous fournir plusieurs autres tonnes de cette matière.

Il n’était guère facile de faire le premier traitement