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Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/112

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Peu après, un guide lui avait amené, un beau jour, un inconnu qui venait lui demander l’hospitalité.

C’était un homme de trente-deux à trente-trois ans, plein de sang et de vie, professeur de zoologie, et qui rassemblait, de visu, les matériaux nécessaires à un important ouvrage qu’il avait entrepris, intitulé : Le Raisonnement et l’instinct chez les animaux du Wild.

Il apportait avec lui beaucoup de papier, pour y noter ses observations, un appareil photographique et le portrait d’une jeune femme. Sa seule arme était un couteau de poche.

Il parut, dès le premier abord, sympathique à Henri Loti. Ce fut fort heureux. Car le métis était, ce jour-là, d’une humeur de chien. Il en expliqua la cause à son hôte, le soir même, tandis que tous deux aspiraient leurs pipes à côté du poêle, d’où rayonnait une lueur rouge.

— Étrange ! étrange ! disait le métis. Voilà sept lynx, attrapés par moi dans mes trappes, que je retrouve complètement déchiquetés. On dirait, sans plus, les débris d’un lapin boulotté par les renards. Aucune bête, pas même les ours, ne s’est ainsi attaquée, jusqu’ici, à un lynx capturé. C’est la première fois que pareille aventure m’arrive. Ce qui reste de la peau ainsi saccagée ne vaut pas un demi-dollar. Sept lynx…Deux cents dollars de perdus ! Ce sont deux loups qui me jouent ce tour-là. Deux, toujours deux, et jamais un. Je le sais par les empreintes laissées par eux. Ils suivent ma ligne de trappes et dévorent, par surcroît, tous les lapins qui y sont pris. Ils dédaignent le chat-pêcheur, et le vison, et l’hermine, et la martre, comme ayant sans doute trop mauvais goût. Mais le lynx, sacré Diable[1] ils

  1. En français dans le texte.