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Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/161

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de leurs crocs que leurs petits maîtres, noirauds et huileux, étaient agiles.[1]

Toutes ces meutes, à mesure qu’elles arrivaient, ne manquaient pas de se jeter les unes sur les autres, grognant, aboyant, happant et mordant. Il n’y avait pas de cesse dans la bataille des crocs.

Les combats commençaient à l’aube, avec les arrivées de traîneaux au Poste, se continuaient toute la journée et, le soir, autour des feux des campements. Ces antipathies canines n’avaient pas de fin. Partout la neige fondante était maculée de sang. Au cours de ces batailles diurnes et nocturnes, ceux qui écopaient le plus étaient les chiens hybrides du Sud, issus et mélangés de mâtins, de danois et de chiens de berger, et les hounds, lourds et lents, du Mackenzie.

Lorsque la neige liquéfiée fut devenue complètement impraticable aux traîneaux et qu’il n’y eut plus d’espoir de voir apparaître aucun nouvel arrivant, William, l’agent de la Factorerie, put établir la liste définitive des hommes qui manquaient. Il biffa leurs comptes de ses registres, car il savait bien que, ceux-là, la Mort Rouge les avait fauchés.

Une centaine de feux de campement élevaient leurs fumées autour du Poste et, des tentes à ces feux, allaient et venaient sans cesse les femmes et les enfants des chasseurs, qui, la plupart, les avaient amenés avec eux.

Mais où ce remue-ménage fut surtout considérable, ce fut pour la nuit du Grand Carnaval. Durant des semaines et des mois, hommes, femmes et enfants, de la forêt et de la plaine, hommes blancs et Peaux Rouges, jusqu’aux petits Esquimaux qui en rêvaient

  1. Les hounds, les chiens du Labrador, les chiens esquimaux, les malemutes sont, comme les Iriskies, autant de variétés de chiens de traîneaux.