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Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/185

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XXI

DENT-BRISÉE ÉMIGRE AVEC SA FAMILLE

La beauté de la saison où se termine le printemps et s’amorce l’été agissait pareillement sur Kazan et sur Louve Grise. La soif les prenait aussi de se remettre en route et de s’en aller vagabonder par le vaste monde. Cette volupté d’errer reprend infailliblement les bêtes à fourrures et les bêtes à crocs du Wild, aussitôt que les petits de la portée du printemps, pour s’en aller de leur côté, les ont quittées.

Par une nuit admirable, baignée de lune et d’étoiles, le chien-loup et la louve aveugle abandonnèrent à leur tour l’arbre creux et entreprirent de remonter, vers les montagnes de l’Ouest, la vallée qui aboutissait au marais.

Jour et nuit ils chassaient, marquant leur piste, derrière eux, d’innombrables carcasses à demi dévorées de lapins et de perdrix. C’était, en effet, la saison du plaisir de tuer et non celle de la faim.

À dix milles à l’ouest, ils tuèrent un jeune faon. Ils l’abandonnèrent également, après un seul repas. Longuement ils se chauffaient au soleil et devenaient de plus en plus luisants et gras.

Ils trouvaient peu de gêne avec les autres animaux. Il n’y avait pas de lynx dans la région, insuffisamment boisée pour plaire au gros chat, ni de loups. Le chat-pêcheur, la martre et le vison abondaient le long du