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Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/21

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Isabelle, avaient lui soudain les mêmes lueurs d’un désir sauvage qui passaient parfois dans les prunelles de Kazan, lorsque celui-ci contemplait la jeune femme.

Isabelle et le chien-loup avaient été les seuls à percevoir ces lueurs fugitives. Le béret de laine rouge de la femme de Thorpe avait glissé vers son épaule, découvrant l’or chaud de sa chevelure, qui brillait sous l’éclat blafard des lanternes. Elle se tut, tandis que s’empourpraient ses joues et que deux diamants s’allumaient dans ses yeux offusqués. Mac Cready baissa son regard devant le sien et elle appuya instinctivement sa main sur la tête de Kazan.

L’animal continuait à gronder vers l’homme et la menace qui roulait dans sa gorge se faisait de plus en plus rauque. Isabelle donna à la chaîne une légère secousse.

— Couché, Kazan ! ordonna-t-elle.

À sa voix, il se détendit un peu.

— Couché, répéta-t-elle, en appuyant plus fort sur la tête de Kazan, qui se laissa tomber à ses pieds, les lèvres toujours retroussées. Thorpe observait la scène et s’étonnait de la haine mal contenue qui brûlait dans les yeux du chien-loup.

Tout à coup le guide déroula son long fouet à chiens. Sa physionomie se durcit, et oubliant les deux yeux bleus qui, eux, ne le quittaient point, il se prit à fixer automatiquement Kazan.

— Hou ! Kouche ! Ici, Pedro ! cria-t-il.

Mais Kazan ne bougea point.

Mac Cready tendit ses muscles. Décrivant dans la nuit une vaste et rapide spirale avec l’immense lanière de son fouet, il le fit claquer, avec un bruit semblable à la détonation d’un pistolet. Et il répéta :

— Ici ! Pedro ! Ici !

Kazan s’était repris à gronder sourdement. Mais