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Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/107

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donner la moindre notion, ni de ce que vous êtes, ni d’où vous venez ? »

Il s’arrêta, comme attendant une réponse. La réponse fut un sourire. Et le sourire était touchant et doux. Philip sentit une émotion mal définie l’étreindre au gosier. Oubliant que Bram pouvait entrer d’un moment à l’autre, il prit dans ses mains une des mains de la jeune femme et la pressa étroitement.

« Vous ne saisissez pas, poursuivit-il, un traître mot de mes paroles, n’est-il pas vrai ? Non, pas un mot. Mais, petit à petit, nous démêlerons l’écheveau. Ce que je sais, en attendant, c’est que, depuis le jour où le chasse-galère vous a descendue de la lune, vous n’avez, le matin, à midi et le soir, que le gibier de Bram à vous mettre sous vos jolies petites dents. Et sans sel encore, peut-être bien ! Vous avez été sur le point, tout à l’heure, de vous élancer sur les provisions qui sont là. Et, à force de bavarder, nous avons oublié le principal. Déjeunons ! »

Il l’entraîna dans la première pièce, vers les vivres étalés sur le plancher, et elle l’aida à les rassembler. Puis il commença à préparer, dans une de ses gamelles, un plat de pommes de terre sèches, qu’il mit à chauffer sur le poêle.

Il quitta des yeux sa cuisine. Elle était délicieuse. La tresse dorée avait glissé sur l’épaule, à demi dénouée. Cette tresse était aussi épaisse