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Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/138

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rieux qui aurait impressionné Célie, si elle avait pu comprendre ses paroles. Qu’adviendra-t-il bientôt de nous ? Quand tous les loups seront tués et si Bram a été tué comme eux, ces diablotins à face de crapaud enfonceront la porte de l’enclos et donneront l’assaut à la cabane… Je me sens assez en forme pour livrer combat à vingt d’entre eux. L’amour que j’ai pour vous et mon désir de vous sauver ont décuplé ma force. Mais je voudrais savoir, au moment où je ferai cela, quel est l’autre homme, sur l’image… Pendant les derniers instants qui nous restent, avant la grande bataille, j’ai comme une fureur de vous écraser sur mon cœur, afin que vous sachiez bien tout ce que je ressens pour vous. J’ai peur, pourtant, qu’il ne soit trop tôt et que vous ne me méprisiez… »

Puis une réaction se fit en lui. Il ramassa le petit papier, tout à l’heure froissé par lui, et machinalement il le défripait, l’aplanissait.

« Qui peut être cet homme ? Si vous ne l’aimez pas, pourquoi l’enlacez-vous si tendrement ? »

Elle comprit qu’une interrogation nouvelle était dans le regard et dans la voix de Philip. Sa pensée se tendit, afin de percer la sienne, d’analyser son âme. Une gêne visible était en lui, qu’elle n’avait pas encore remarquée.

Il lui tendit l’image. Peut-être, songeait-il, l’in-