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Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/162

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qui avait mis Célie en ce nouveau péril, plus mortel que celui de Bram Johnson. Sa folle imprudence, en bourrant le poêle avec exagération, jointe à la complicité de la tourmente, avait causé le malheur. Dans la mesure du possible, il devait tenter de le réparer.

Il courut donc vers la palissade du corral et repassa sa barrière. Mais, devant la ligne de mort de l’ardent foyer, il dut s’arrêter, les poings crispés, criant à la flamme son angoisse et son impuissance. La chaleur du volcan faisait ruisseler la sueur sur son front glacé et lui desséchait le gosier. Tout s’était bien, à jamais, englouti là. Et cette misérable cabane où, tout à l’heure, emprisonné par les loups et attaqué par les Esquimaux, il maudissait le sort, lui semblait maintenant une Providence bénie. La lutte, alors, était concevable encore. Tandis que désormais…

Soudain, il porta la main à sa tête nue. Le vent s’était apaisé et la neige commençait à tomber. Philip n’ignorait pas que le froid en allait croître et déjà le thermomètre devait marquer dans les vingt degrés au-dessous de zéro. Si le vent reprenait, il aurait, d’ici une heure ou deux, les oreilles gelées. Il songea, en même temps, que ses allumettes étaient restées dans la poche de son veston. Elles flambaient, avec le reste. Il n’avait plus le moyen, maintenant, d’allumer du feu.