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Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/60

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durant le temps que lui-même en couvrait quatre.

Il était une heure lorsque Philip fit halte pour préparer son déjeuner. D’après ses calculs, il avait parcouru quinze milles. Tandis qu’il mangeait, ses pensées s’assombrirent encore. Il réfléchit que si Bram avait emporté une grosse provision de viande, c’était évidemment afin de pouvoir se ravitailler, lui et sa horde, un temps suffisant pour traverser cette mer de désolation qui, par endroits, s’étend jusqu’à l’Arctique. En pressant sa marche, Bram, en trois ou quatre jours, réaliserait cent cinquante milles, tandis que lui, Philip, effectuerait à peine le tiers de cette étape.

Jusqu’à trois heures de l’après-midi, il reprit la piste de Bram, et il aurait continué à marcher pendant une heure encore, si des tourbillons de neige n’étaient venus l’arrêter, mettant au-dessus de lui leur dôme blanc. Pris dans la tourmente, il résolut de se construire un abri pour passer la nuit.

Par l’exemple des Esquimaux, il savait comment il convient de s’y prendre. À l’aide de la hache qu’il portait à sa ceinture, il se mit à creuser, dans un gros tas de neige dure, du côté opposé au vent, un étroit boyau, qu’il déblayait, au fur et à mesure, en se servant, comme d’une pelle, d’une de ses raquettes. Quand ce tunnel,