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Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/74

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« Si tu crois vraiment qu’en tirant vers toi j’ai essayé de te tuer, dit-il, pourquoi ne m’as-tu pas répondu en lançant sur moi tes loups, comme tu l’as fait déjà, avec d’autres ? Pourquoi es-tu venu m’assiéger, le lendemain seulement, dans mon abri ? Et puis… où allons-nous ? »

Bram tendit le bras vers le Barren.

« Là ! » fit-il, sans répondre au reste du questionnaire.

Et son bras était pointé vers le Nord, aussi droit qu’une aiguille de boussole.

Puis, comme si sa pensée était revenue en arrière, vers la première partie de l’interrogation de Philip, il éclata de rire. La laideur naturelle de Bram, lorsqu’il riait, faisait de sa face quelque chose d’effrayant et de grotesque à la fois, comme ces gargouilles gothiques, sculptées à la corniche des vieilles cathédrales, qui roulent vers le passant leur œil exorbité. Ce rire était à ce point exaspérant que Philip se sentit l’envie de prendre aux épaules celui qui le proférait, et de le secouer jusqu’à ce qu’il se décidât à parler.

Mais il songea, une fois de plus, à Pelletier. À Pelletier qui, lorsqu’il griffonnait sur la porte de sa case ses élucubrations éparses, était sans doute, comme Bram, un demi-fou. Contre la folie aussi luttait Bram, contre la folie et la solitude qui avaient tué Pelletier. Parce qu’il avait