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Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/79

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place, lui aussi, sur le traîneau. Il se mit debout, derrière Philip, et de son long fouet activa la marche de l’attelage. Les loups prirent le galop, et la vitesse, autant qu’il était possible d’en juger, dépassa dix milles à l’heure.

Tandis que le traîneau filait sur la plaine gelée, Philip, une bonne douzaine de fois, tenta d’entamer la conversation. Bram ne répondit toujours pas. Il se contentait, de temps à autre, de crier vers ses loups, en esquimau, de faire claquer son fouet, d’agiter en l’air ses grands bras, avec des éclats intermittents de son rire apocalyptique.

Deux heures encore s’écoulèrent. Bram lança un ordre bref, et l’attelage s’arrêta net. Un second ordre suivit, énergique et brutalement impérieux, la lanière du fouet claqua, menaçante, et les loups haletants aplatirent leurs ventres dans la neige.

Philip sauta du traîneau, tandis que Bram se baissait vers le fusil. Agenouillé devant lui, il le montra du doigt à Philip. Puis, calmement, posément, sans qu’aucune folie se trahît dans sa voix :

« Vous pas toucher le fusil, m’sieu. Pourquoi vous pas tirer quand j’étais là, en tête des loups ?

— Pour la même raison, il me semble, que tu ne m’as pas tué pendant que je dormais ! » répondit Philip. Et, saisissant Bram par le bras :