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Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/82

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sac gris, presque en lambeaux. Dans le sac, Philip entrevit un certain nombre de petits paquets, les uns enveloppés dans du papier, les autres dans des écorces de bouleau. Il reconnut l’un d’eux pour être un paquet d’une demi-livre de thé, pareil à ceux que la Compagnie de la baie d’Hudson met en vente, ou en troc, dans tous ses comptoirs.

Bram, maintenant, enfouissait dans le sac toutes les provisions de Philip, jusqu’à la dernière bribe de galette. Quand il eut terminé, il roula le sac, à nouveau, dans les peaux d’ours, qu’il remit en place sur le traîneau. Cela fait, et sans cesser de marmotter, il se rassit et acheva paisiblement son déjeuner de viande crue.

« Le pauvre diable ! » murmura Philip.

En dépit de la rude bousculade dont il avait été victime et dont il était encore étourdi, il ne s’irritait point contre Bram Johnson. L’irrésistible attirance, la faim effrénée de cette nourriture plus humaine avaient lui dans le regard sauvage du monstre. Et pourtant il n’avait rien mangé. Tout, par ses soins, avait été mis de côté. Pourquoi ? Ce qui du moins était certain, c’est que, si Philip émettait la prétention de rentrer dans son bien, il y allait pour lui de la vie.

Bram était, en apparence, redevenu indifférent. Mais, lorsqu’il vit Philip se découper une tranche de caribou, il recommença à l’observer.