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Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/92

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le sang se glacer dans ses veines. Une âme, sur cette figure, qui était belle, mais pâle comme la mort, trahissait ses tortures. Cette femme était jeune. Elle ne devait guère avoir plus de vingt ans. Ses yeux, tels que Philip n’en avait jamais vu, étaient mauves, comme des améthystes. La souffrance subie, à son paroxysme, et l’angoisse de celle de demain se reflétaient dans leur pur cristal. Philip comprit que l’inconnue avait traversé quelque enfer.

« Ne vous alarmez pas, dit-il, en parlant doucement. Je suis Philip Brant, de la police montée du Royal North-West. »

La jeune fille ne répondit point. Philip n’en fut pas surpris. Toute l’histoire de sa captivité se lisait dans ses yeux, aussi claire que si elle l’eût racontée. Que pouvait-elle ajouter de plus ? Il eût été heureux cependant de voir ces lèvres s’entrouvrir. En ce qui le concernait désormais, maintenant qu’il était venu jusqu’ici, tout ce qu’il savait, c’est qu’il tuerait Bram, le moment arrivé.

Il répéta les mots qu’il avait prononcés. La jeune fille poussa un profond soupir et Philip vit sa poitrine qui se soulevait sous sa chevelure. Mais les yeux demeurèrent effarés. Tout à coup, elle courut vers la fenêtre et Philip la vit y crisper ses mains, tandis qu’elle se penchait pour regarder au-dehors. Bram était en train de faire