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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/110

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Il arrive quelquefois qu’un profil régulièrement grec se réunit à des traits d’une si extrême finesse que l’expression de la physionomie ne perd rien à la perfection des lignes du visage : alors on reste frappé d’admiration. Pourtant le type qui domine dans les figures d’hommes et de femmes c’est le calmouk : les pommettes des joues saillantes et le nez écrasé. Les femmes sont plus casanières que dans l’occident de l’Europe ; elles vivent enfermées, on a peu d’occasions de les voir, si ce n’est le dimanche, ou dans les foires ; encore ces jours-là même sortent elles moins que leurs maris. Les chaumières russes sont mieux closes que celles de nos paysans ; aussi la mauvaise odeur, l’obscurité qui règnent au fond de ces réduits font-elles repentir le voyageur lorsqu’il tente par curiosité de pénétrer dans l’intérieur d’un ménage rural.

À l’heure où les paysans se reposent, je suis entré dans plusieurs de ces cases presque privées d’air : point de lits : hommes et femmes sont étendus pêle-mêle sur des bancs de bois qui font divans tout autour de la salle ; mais la malpropreté de ce bivouac champêtre m’a toujours arrêté, j’ai reculé ; cependant jamais assez vite pour ne pas emporter dans mes habits quelque souvenir vivant en punition de mes indiscrètes tentatives.

Pour se garantir des courtes, mais vives chaleurs