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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/126

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Églises font partie constitutive des États qui s’en servent comme de moyens politiques pour appuyer leur puissance. Ces Églises sont d’excellents auxiliaires du gouvernement ; complaisantes pour les dépositaires du pouvoir temporel, princes ou magistrats, dures pour les sujets, elles appellent la Divinité au secours de la police ; le résultat immédiat est sûr, c’est le bon ordre dans la société ; mais l’Église catholique, tout aussi puissante, politiquement, vient de plus haut et va plus loin. Les Églises nationales font des citoyens : l’Église universelle fait des hommes.

En Russie, le respect pour l’autorité est encore aujourd’hui l’unique ressort de la machine publique ; ce respect est nécessaire sans doute, mais, pour civiliser profondément le cœur des hommes, il faut leur enseigner quelque chose de plus que l’obéissance aveugle.

Le jour où le fils de l’Empereur Nicolas (je dis le fils, car cette noble tâche n’appartient pas au père, obligé qu’est celui-ci d’employer son règne laborieux à resserrer les liens de la vieille discipline militaire qui est tout le gouvernement moscovite), du jour où le fils de l’Empereur aura fait pénétrer parmi toutes les classes de cette nation l’idée que celui qui commande doit du respect à celui qui obéit, une révolution morale se sera opérée en Russie ; et l’instrument de cette révolution, c’est l’Évangile.