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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/159

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monuments dont les peintures ressemblent à de riches tapisseries, brillaient d’un air de fête sur le fond bleuâtre du ciel. On eût dit que le soleil à son déclin voulait saluer la ville qui allait fuir ; cet adieu du jour au palais de fées de la vieille capitale de la Russie était magnifique. Des nuées de mousquites bourdonnaient à mes oreilles, tandis que mes yeux étaient brûlés du sable des rues, incessamment enlevé sous les pieds des chevaux qui traînent au galop dans tous les sens des milliers d’équipages.

Les plus nombreux et les plus pittoresques sont les droschki ; cette voiture vraiment nationale est le traîneau d’été. Ne pouvant transporter commodément qu’une personne à la fois, les droschki doivent se multiplier à l’infini pour suffire aux besoins d’une population active, nombreuse, mais perdue dans une ville immense et dont les habitants refluent continuellement de toutes les extrémités vers le centre. La poussière de Moscou est extrêmement incommode ; fine comme la cendre, légère comme les tourbillons d’insectes auxquels elle se mêle en cette saison, elle offusque la vue et gêne la respiration. Nous avons une température brûlante tout le jour, et les nuits sont encore trop courtes pour que la fraîcheur pernicieuse des rosées puisse tempérer l’aride chaleur du matin ; la lueur de ce jour dévorant ne finit que bien avant dans la soirée. Au surplus, les Russes sont