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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/175

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vastes églises, où les fidèles seraient gelés pendant la prière ; ici l’esprit n’est point élevé au ciel par la pompe de l’architecture religieuse ; sous cette zone, l’homme ne peut bâtir au bon Dieu que des donjons obscurs. Les sombres cathédrales du Kremlin, avec leurs voûtes étroites et leurs épaisses murailles ressemblent à des caves, ce sont des prisons peintes comme les palais sont des geôles dorées.

Des merveilles de cette effrayante architecture il faut dire ce que les voyageurs disent de l’intérieur des Alpes : ce sont de belles horreurs.


(Suite de la lettre vingt-cinquième.)
Le même jour, au soir.

Mon œil s’enflamme de plus en plus : je viens de faire appeler un médecin qui m’a condamné à passer trois jours dans ma chambre avec un bandeau. Heureusement que l’un de mes yeux me reste ; je puis m’occuper.

J’ai le projet d’employer ces trois jours de loisir forcé à terminer un travail commencé pour vous à Pétersbourg, et interrompu par les agitations de la vie que je menais dans cette ville. C’est le résumé du règne d’Ivan IV, le tyran par excellence, et l’âme du Kremlin. Ce n’est pas qu’il ait bâti cette forteresse,