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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/186

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dont il est permis de douter, grâce au silence des annalistes sur ce point.

Sous les mauvais régimes, les femmes se dénaturent moins complétement que les hommes ; ceux-ci participant seuls aux actes du gouvernement, il arrive nécessairement que les préjugés sociaux en circulation dans chaque siècle et dans chaque pays ont prise sur eux plus que sur elles. Quoi qu’il en soit, il faut bien le dire, ce règne monstrueux a fasciné la Russie au point de lui faire trouver jusque dans le pouvoir effronté des princes qui la gouvernent un objet d’admiration ; l’obéissance politique est devenue pour les Russes un culte, une religion[1]. Ce n’est que chez ce peuple, du moins je le crois, qu’on a vu les martyrs en adoration devant les bourreaux !…..

  1. M. Tolstoï, que j’ai cité ailleurs, expose en ces termes la doctrine des hommes politiques de son pays :
      « Et qu’on ne dise pas qu’un seul homme peut faillir, que ses aberrations peuvent amener de graves catastrophes, d’autant plus qu’aucune responsabilité ne domine ses actes.
      « Est-il possible d’admettre l’absence du sentiment patriotique dans un homme appelé par la Providence à gouverner ses semblables ? Un tel prince serait une exception monstrueuse.
      « Pour ce qui regarde la responsabilité, elle existe dans la malédiction des peuples [(*) Elle n’existe pas dans un pays où l’on bénit la tyrannie dans ses derniers excès. (Note du Voyageur.)] et dans les tables de l’histoire, qui burine sans pitié les méfaits des puissants de la terre. Où en serait l’Em-