Aller au contenu

Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un ces tronçons vivants à des bêtes affamées et avides de cette misérable chair dont elles s’arrachent les affreux lambeaux, en présence des victimes à demi hachées.

On soutient les torses palpitants avec des soins, avec une science, une intelligence atroces, afin de les forcer d’assister plus longtemps à cette curée humaine dont ils font les frais, et où le Czar le dispute au tigre en férocité…..

Il lassera les bourreaux ; les prêtres ne pourront suffire aux enterrements. Novgorod-la-Grande sera choisie pour servir d’exemple à la colère du monstre. La ville en masse, accusée de trahison en faveur des Polonais, mais coupable surtout d’avoir été long temps indépendante et glorieuse, est empestée à dessein par la multitude des exécutions arbitraires qui ont lieu dans ses murs ensanglantés ; les eaux du Volkoff se corrompent sous les cadavres restés sans sépulture autour des remparts de la cité maudite, et comme si la mort par les supplices n’était pas assez féconde, une épidémie factice rivalise avec les échafauds pour décimer en masse les populations et pour assouvir la rage du Père, nom d’affection, ou plutôt titre que les Russes flatteurs avec cordialité donnent machinalement à leurs tout-puissants et bien-aimés souverains quels qu’ils soient.

Sous ce règne insensé nul homme ne suit le cours