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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/272

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les trônes, les sceptres, tout est réuni là pour attester la grandeur des choses, le néant des hommes, et quand on pense que ce néant s’étend jusqu’aux empires, on ne sait plus à quelle branche s’accrocher sur le torrent du temps.

Comment s’attacher à un monde où la forme est la vie et où nulle forme ne dure ? Si Dieu n’eût pas fait un paradis il se serait trouvé des âmes d’une trempe assez forte pour remplir cette lacune de la création… La pensée platonique d’un monde immuable et purement spirituel, type idéal de tous les univers, équivaut pour moi à l’existence même d’un tel monde. Comment pourrions-nous comprendre que Dieu fût moins fécond, moins riche, moins puissant et moins équitable que le cerveau de l’homme ? Notre imagination dépasserait les bornes de l’œuvre du Créateur, de qui nous tenons la pensée. Ah !… c’est impossible….. cela implique contradiction. On a dit que c’est l’homme qui crée Dieu à son image : oui, comme un enfant fait la guerre avec des soldats de plomb ; mais ce jeu ne suffit-il pas pour servir de preuve à l’histoire ? Sans Turenne, sans Frédéric II et Napoléon, nos enfants s’amuseraient-ils à figurer des batailles ?

Les vases ciselés à la manière de Benvenuto Cellini, les coupes ornées de pierreries, les armes, les armures, les étoffes précieuses, les broderies rares,