Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il y a au milieu des plantations qui font extérieurement le tour des remparts une voûte que je vous ai déjà décrite, mais qui vient de m’étonner comme si je l’eusse aperçue pour la première fois ; c’est un souterrain monstre. Vous quittez une ville au sol inégal, une ville toute hérissée de tours qui s’élèvent jusqu’aux nues, vous vous enfoncez dans un chemin couvert et sombre ; vous montez dans ce souterrain obscur dont la pente est longue et rapide : parvenu au sommet, vous vous retrouvez sous le ciel et vous planez au-dessus d’une autre partie de la ville jusque là inaperçue qui se confond avec la poussière animée des rues et des promenades, et s’étend sous vos pieds au bord d’une rivière à demi desséchée par l’été, la Moskowa ; quand les derniers rayons du soleil sont près de s’éteindre, on voit le reste d’eau oublié dans le lit de ce fleuve poudreux se colorer d’une teinte de feu. Figurez-vous ce miroir naturel encadré dans de gracieuses collines dont les masses sont rejetées aux extrémités du paysage comme la bordure d’un tableau : c’est imposant ! Plusieurs de ces monuments lointains, entr’autres l’hospice des enfants trouvés, sont grands comme une ville ; ce sont des établissements de charité, des écoles, des fondations pieuses. Figurez-vous la Moskowa avec son pont de pierre, figurez-vous les vieux couvents avec leurs innombrables coupoles, avec leurs petits dômes métalliques