Aller au contenu

Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LETTRE VINGT-HUITIÈME.


Moscou, ce 12 août 1839.

Avant de venir en Russie, j’avais lu, je crois, la plupart des descriptions de Moscou publiées par les voyageurs ; cependant je ne me figurais pas le singulier aspect de cette cité montueuse, sortant de terre comme par magie, et apparaissant dans des espaces unis, immenses, avec ses collines encore exhaussées par les bâtiments qu’elles supportent et qui font saillie au milieu d’une plaine onduleuse. C’est une décoration de théâtre. Moscou est à peu près le seul pays de montagnes qu’il y ait au centre de la Russie… N’allez pas, sur ce mot, vous imaginer la Suisse ou l’Italie : c’est un terrain inégal, voilà tout. Mais le contraste de ces accidents du sol au milieu d’espaces où l’œil et la pensée se perdent comme dans les savanes de l’Amérique ou comme dans les steppes de l’Asie, produit des effets surprenants. Cette ville rappelle l’idée qu’on s’est formée, sans trop savoir pourquoi, de Persépolis, de Bagdad, de Babylone, de Palmyre, romanesques capitales des pays fabuleux dont l’histoire est une poésie et l’architecture