Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/314

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litique et religieuse s’est opposée plus qu’ailleurs aux discussions théologiques ; sitôt qu’on a voulu commencer à expliquer les questions débattues entre Rome et Byzance, le silence a été imposé aux deux partis. Les sujets de dispute ont si peu de gravité que la querelle ne peut se perpétuer qu’à force d’ignorance. Dans plusieurs institutions de filles et de garçons, à l’instar des jésuites, on a fait donner quelques instructions religieuses ; mais l’usage de ces conférences n’est que toléré, et de temps à autre on l’abroge : un fait qui vous paraîtra incompréhensible, quoiqu’il soit positif, c’est que la religion n’est pas enseignée publiquement en Russie[1]. Il résulte de là une multitude de sectes dont le gouvernement ne vous laisse pas soupçonner l’existence.

Il y en a une qui permet la polygamie : une autre va plus loin ; elle pose en principe et met en pratique la communauté des femmes pour les hommes, et des hommes pour les femmes.

« Il est défendu à nos prêtres d’écrire, même des chroniques : à chaque instant un paysan interprète un passage de la Bible, qui, pris isolément et appliqué à faux, donne aussitôt lieu à une nouvelle hérésie, calviniste le plus souvent. Quand le pope du village s’en aperçoit, l’hérésie a déjà gagné une partie des habitants de la commune, et grâce à l’opiniâtreté

  1. Je savais ce fait, et je l’ai noté ailleurs.