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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/335

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tiré l’homme de son isolement, il y a bientôt deux mille ans, en le baptisant citoyen d’une société éternelle, et dont toutes les autres sociétés n’étaient que des modèles imparfaits : ces vérités ne sont point démenties, au contraire, elles sont confirmées par l’expérience. Plus on étudie le caractère des différentes nations qui se partagent le gouvernement de la terre, et plus on reconnaît que leur sort est la conséquence de leur religion ; les malheurs des races opprimées ne sont que la punition de leurs infidélités ou de leurs erreurs volontaires en matière de foi ; telle est la croyance que je me suis formée à la suite de mes nombreux pèlerinages. Tout voyageur est forcé de devenir philosophe et plus que philosophe, car il faut être chrétien pour pouvoir contempler sans vertige la condition des différentes populations dispersées sur le globe, et pour méditer sans désespoir sur les jugements de Dieu, cause mystérieuse des vicissitudes humaines…

Je vous dis mes réflexions dans la mosquée pendant la prière des enfants de Bati, devenus des parias chez leurs esclaves…

Aujourd’hui, la condition d’un Tatar en Russie ne vaut pas celle d’un serf moscovite.

Les Russes s’enorgueillissent de la tolérance qu’ils accordent au culte de leurs anciens tyrans ; je la trouve plus fastueuse que philosophique, et pour le peuple