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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/362

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jours quelque chose à l’incertitude de son langage. Cette confusion universelle arrête jusqu’aux transactions amoureuses, parce que chacun des deux amants connaissant la duplicité de l’autre, veut être payé d’avance ; de cette défiance réciproque il résulte l’impossibilité de conclure malgré la bonne volonté des parties contractantes.

Les paysannes sont plus rusées que les femmes de la ville ; quelquefois ces jeunes sauvages doublement corrompues, manquent même aux premières règles de la prostitution, et ces gâte-métier se sauvent avec leur butin avant d’avoir acquitté la dette déshonorante contractée pour le recueillir.

Les bandits des autres pays tiennent à leurs serments ; ils ont la bonne foi du brigandage, les courtisanes russes ou les filles perdues qui rivalisent de mauvaise conduite avec ces créatures, n’ont rien de sacré, pas même la religion de la débauche, garantie nécessaire à l’exercice de leur profession. Tant il est vrai que le commerce même le plus honteux ne peut se passer de probité.

Un officier, homme d’un grand nom et de beaucoup d’esprit, me racontait ce matin que depuis les leçons qu’il avait reçues et chèrement payées, nulle beauté villageoise, quelque ignorante, quelque ingénue qu’elle lui paraisse, ne peut le décider à risquer plus qu’une promesse : « Si tu ne te fies pas à moi, je ne