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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/376

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d’aussi belles étoffes que celles qu’on voyait sur le dos de ce cocher modèle.

Après avoir donné à boire à toute l’auberge, le jeune maître en fait de folie se penche vers cet homme ainsi paré et lui présente une coupe écumante prête à déborder : Bois, lui dit-il… Le pauvre mougik doré ne savait, dans son inexpérience, quel parti prendre… Bois donc, lui dit son seigneur (on m’a traduit la phrase), bois donc, maraud : ce n’est pas pour toi, coquin, que je te donne ce vin de Champagne, c’est pour tes chevaux qui n’auront jamais la force de fournir toute la course au grand galop si le cocher n’est pas ivre : » et toute l’assemblée d’éclater de rire et de répondre par des hourras et des applaudissements. Le cocher ne fut pas difficile à persuader ; il en était à la troisième rasade, quand son maître, le chef de la bande des étourdis, donna le signal du départ, en me renouvelant, avec une politesse exquise, l’expression de ses regrets de n’avoir pu me décider à l’accompagner dans cette partie de plaisir. Il me paraissait si distingué que, tandis qu’il parlait, j’oubliais le lieu de la scène, et me croyais à Versailles au temps de Louis XIV.

Il part enfin pour le château où il devait passer trois jours. Ces messieurs appellent cela une chasse d’été.

Vous devinerez comment ils se distraient à la cam-