Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/68

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Providence défend de faire un petit mal, même dans l’espoir du plus grand bien.

Ce n’est pas à dire qu’on doive et qu’on puisse aujourd’hui gouverner la Russie comme on gouverne les autres pays de l’Europe ; seulement, je soutiens qu’on éviterait bien des maux si l’exemple de l’adoucissement des mœurs était donné d’en haut. Mais qu’espérer d’un peuple de flatteurs, flatté par son souverain ? Au lieu de les élever à lui, il s’efforce de s’abaisser à leur niveau.

Si la politesse de la cour influe sur les manières des hommes des dernières classes, n’est-il pas permis de penser que l’exemple de la clémence donné par un prince absolu, inspirerait le sentiment de l’humanité à tout son peuple ?

Usez de sévérité contre ceux qui abusent et de mansuétude contre ceux qui souffrent, et bientôt vous aurez changé votre troupeau en nation… problème difficile à résoudre sans doute ; mais n’est-ce pas pour exécuter ce qui serait impossible à d’autres que vous êtes déclaré et reconnu tout-puissant ici-bas ? L’homme qui occupe la place de Dieu sur la terre ne doit reconnaître d’impossible que le mal. Il est obligé de ressembler à la Providence pour légitimer la puissance qu’il s’attribue.

Si le pouvoir absolu n’est qu’une fiction qui flatte l’amour-propre d’un seul homme aux dépens de la di-