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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/72

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réflexions et de vous peindre tout ce qui naît dans ma pensée ? c’est un accident arrivé à ma voiture.

À deux heures d’ici, j’ai rencontré un Russe de ma connaissance qui avait été visiter une de ses terres et revenait à Pétersbourg. Nous nous arrêtons pour causer un instant ; le Russe, en regardant ma voiture, se met à rire et à me montrer un lisoir, une traverse, des brides, l’encastrure, les mains de derrière et une des jambes de force d’un ressort.

« Vous voyez toutes ces pièces ? me dit-il, elles n’arriveront pas entières à Moscou. Les étrangers qui s’obstinent à se servir de leurs voitures chez nous, partent comme vous partez et reviennent en diligence.

— Même pour n’aller qu’à Moscou ?

— Même pour n’aller qu’à Moscou.

— Les Russes m’ont dit que c’était la plus belle route de l’Europe ; je les ai crus sur parole.

— Il y a des ponts qui manquent, des parties de chemins à refaire ; on quitte la chaussée à chaque instant pour traverser des ponts provisoires en planches inégales, et grâce à l’inattention de nos postillons les voitures étrangères cassent toujours dans ces mauvais pas.

— Ma voiture est anglaise et éprouvée par de longs voyages.

— Nulle part on ne mène aussi vite que chez nous ;