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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/82

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choirs d’indienne ou des morceaux de toile en façon de serre-tête. La vraie coiffure nationale des femmes russes ne se porte que les jours de fête : ce diadème extrêmement élevé qui fait le tour de la tête, est brodé de fleurs en fils d’or et d’argent. Cette couronne a de la noblesse et ne ressemble à aucune autre coiffure si ce n’est à la tour de Cybèle.

Les paysannes ne sont pas les seules femmes mal soignées. J’ai vu des dames russes qui ont en voyage une toilette des plus négligées. Ce matin, dans une maison de poste où je m’étais arrêté pour déjeuner, j’ai rencontré toute une famille que je venais de laisser à Pétersbourg, où elle habite un de ces palais élégants que les Russes sont fiers de montrer aux étrangers, Ces dames étaient là magnifiquement vêtues à la mode de Paris. Mais dans l’auberge où, grâce à de nouveaux accidents arrivés à ma voiture, je fus rejoint par elles, c’étaient d’autres personnes ; je les trouvais si bizarrement métamorphosées qu’à peine pouvais-je les reconnaître ; les fées étaient devenues sorcières. Figurez-vous des jeunes personnes que vous n’auriez vues que dans le monde et qui, tout à coup, reparaîtraient devant vous en costume de Cendrillon, et pire, coiffées de vieux serre-tête en toile soi-disant blanche, sans chapeaux ni bonnets, portant des robes sales, des fichus déguenillés et qui ressemblent à des serviettes, traînant aux pieds des savates en guise de