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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/89

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ils les exagèrent dans l’application, ce qui fait que les conséquences y deviennent pires que les principes.

Au reste, je dois dire que cette double route finit à Novgorod ; on a sans doute pensé que l’encombrement serait plus grand aux environs de la capitale ; ou peut-être a-t-on renoncé à continuer ce chemin de rebut.

Il faut convenir qu’avec le train dont on est mené en Russie, les troupeaux de bœufs que vous rencontrez à chaque instant sur la grande route, ainsi que les longues files de charrettes conduites par un seul roulier, peuvent occasionner des accidents graves et fréquents. La précaution de la double route est peut être plus nécessaire ici qu’ailleurs ; mais je ne voudrais pas qu’on attendît pour écarter le danger qu’il menaçât la vie de l’Empereur ou des membres de sa famille : ceci n’est pas dans l’esprit de Pierre le Grand, qui empruntait aux marchands de Pétersbourg le prix des drochki de louage dans lesquels il se faisait voiturer : le même prince, lorsqu’on voulait fermer un de ses parcs au public, s’écriait : « Vous croyez donc que j’ai dépensé tant d’argent pour moi tout seul ? »

Adieu ; si je continue mon voyage sans accident, ma première lettre sera datée de Moscou. Chacune