postillons, je n’ai pas rencontré un maladroit, même plusieurs de ceux qu’on m’a donnés jusqu’à présent étaient d’une habileté surprenante. Les Napolitains
franchise était une preuve d’intérêt, et rien n’était plus flatteur
que de l’intéresser, parce qu’elle avait l’âme trop noble pour n’être
pas indépendante ; exclusive dans ses affections, elle jugeait ce
qu’elle aimait ; car elle avait l’esprit d’une rare justesse, qualité
sans laquelle toutes les autres sont perdues.
Ce qu’elle montrait de son caractère était agréable, ce qu’elle en
cachait était attachant ; elle avait toujours l’envie de faire du bien,
mais elle n’avouait ordinairement que celle d’amuser et de plaire.
D’autant plus ingénu, plus élégant, plus libre dans ses allures
qu’il s’appliquait moins à produire, son esprit aimait à se jeter par
la fenêtre comme l’or des riches. Elle disait qu’elle jouissait mieux
du talent des autres, parce qu’elle ne possédait que celui de l’apprécier.
La vie de famille lui avait fourni d’abord plus qu’à personne les
exemples nécessaires et les occasions favorables au développement
de cette aimable disposition innée à jouir sincèrement des productions
d’autrui (*) [Madame O’Donnell était fille de madame Sophie Gay et sœur de
madame Delphine de Girardin.], faculté qu’elle sut exercer ensuite d’une manière
gracieuse au profit de tout le monde.
Toutefois, on se serait trompé si l’on eût pris au mot sa modestie
naturelle : un esprit si fécond en aperçus fins, en expressions originales
et pittoresques, brillant parmi les plus brillants, primesautier,
comme dirait Montaigne, équivaut bien au talent ; c’était
l’esprit de conversation de la société parisienne au meilleur temps,
mais appliqué à juger notre époque qu’elle comprenait comme un
philosophe et peignait comme un miroir. Tant de qualités
diverses, tant de solidité de caractère, de bonté de cœur, de