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Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, V.djvu/87

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commun, et la philosophie jugerait que la société de Jésus et l’ordre du parlement ont tous deux raison.

Je ne sais ce qui arrivera du Laquais de Vénus ; j’ai bien peur que ce ne soit un laquais de louage, qui ne lui restera pas longtemps, d’autant que ledit laquais n’a pas suivi sa maîtresse dans son passage sur le soleil. Si Fontenelle n’était pas mort, il vous dirait là-dessus les plus jolies choses du monde ; par exemple, que Vénus a trop de satellites sur la terre pour en avoir besoin dans le ciel ; et que les vieux galants qui ne peuvent plus lui faire leur cour, regretteront le temps où Vénus se promenait toute seule dans le ciel,

Sans laquais, sans ajustement,
De ses seules grâces ornée, etc.

Son chancelier Trublet vous en dira davantage, pour peu que vous vouliez savoir le reste. Je vous dirai moi, plus sérieusement, que nous attendons les observations faites aux Indes et en Sibérie, pour savoir, par la comparaison avec celles de France, à combien de postes nous sommes du soleil ; et s’il nous faut quelques jours de plus ou de moins pour y arriver, que nous ne l’avons cru jusqu’ici.

Je n’aurai pas besoin d’ameuter l’Académie Française sur l’édition de Pierre Corneille ; il n’y a aucun de nous qui ne se fasse un plaisir et un devoir de souscrire, et quelques-uns même pour plusieurs exemplaires. Cette entreprise fera beaucoup d’honneur à l’entrepreneur, à l’Académie et à la nation ; et je me flatte qu’elle avertira enfin l’Académie de ce qu’elle doit faire, de donner des éditions grammaticales des auteurs classiques.

Adieu ; mon cher maître ; que le ciel vous tienne toujours en joie ! N’oubliez pas vos amis et vos admirateurs ; je me flatte que vous me comptez parmi les premiers, et je prends la liberté de me mettre parmi les seconds. Je ne sais pas s’il en est de même du professeur Formey, et s’il prendra cette qualité dans ses lettres aux journalistes, et dans sa bibliothèque partiale, toute impartiale qu’elle prétend être. Vale iterum.


Paris, 8 septembre 1761.


Je ne sais, mon cher maître, si vous avez reçu une lettre que je vous écrivis, il y a quelque temps, de Pontoise. Je vous y parlais, ce me semble, de votre édition de Corneille, et de l’intérêt que j’y prenais comme homme de lettres, comme Français, comme académicien, et encore plus comme votre confrère, votre disciple et ami. Depuis ce temps, nous avons reçu