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Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/140

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nommant le Pline français, car il ne réfléchissait pas plus que, cet ancien naturaliste ; il ne connaissait presque aucun fait géologique par lui-même ; son imagination l’entraînait ; il s’accrochait à tout ce qui pouvait le flatter, et il pensait, comme beaucoup d’autres, qu’en ne répondant pas aux objections il les faisait oublier[1], » etc. Une pareille phrase et celle qui la suit, que nous nous abstenons de rapporter, suffisent pour la condamnation de celui qui les a écrites.
Parallèle de de Saussure et de de Luc

Si, pour nous résumer, nous comparons actuellement Bénédict de Saussure et J, André de Luc, ces deux citoyens de Genève, comme ils se qualifiaient, placés tous deux dans une condition sociale élevée et s’étant occupés des mêmes sciences, nous remarquerons entre eux les différences les plus prononcées. Le premier sort rarement du champ de l’expérience et de l’observation attentive des faits, concentrant ses recherches dans un espace bien limité et glorieusement parcouru. Esprit judicieux, sobre jusqu’à la timidité de déductions théoriques ou d’hypothèses, il préfère rester en deçà de ce qu’il sait que de courir le risque de s’égarer au delà ; quand il parle des opinions qu’il ne partage pas, il s’exprime toujours avec une convenance parfaite. Son livre restera comme un modèle d’exactitude et un tableau toujours vrai, simple et animé, de cette nature dont il représente les scènes imposantes et variées.

Le second, sous l’empire d’idées préconçues ou de relations nécessaires entre des sujets d’ordres très-différents, a parcouru des pays assez divers. Esprit aventureux, se montrant, dans ses relations épistolaires, critique partial et sans élévation, croyant ne marcher qu’avec l’expérience et s’en écartant cependant sans cesse pour tomber dans le domaine des spéculations imaginaires, mêlant, sans s’en apercevoir, le vrai et le faux, ce qui est démontré avec ce qui ne l’est pas, et associant les résultats scientifiques avec les croyances, les récits et les dogmes religieux,

  1. Journal de physique, vol. XXXVIII, p. 276, 1791.