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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/112

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LE ROI

Valait-il pas mieux s’abstenir, marcher librement. dans sa voie étroite d’honnête homme ? Tragiques vacillations. Il se fit en cette minute un froid silence dans le cœur du prince, et il se remit, au pas, à regarder la chute des boules. À chaque mouvement de la bête, elles quittaient le fil de métal, glissaient, se perdaient dans le sang, et avec les grains du rosaire d’autres choses mystérieuses allégeaient le prince, tombaient, roulaient aussi. Il les reconnut. C’étaient ses rêves d’autrefois, légers, qui ne résistaient pas à l’horreur… Une dizaine, deux dizaines… Les boules, les croyances enfantines s’égrenaient une à une du fil brisé. Trois pas, une dizaine encore, — et bientôt, au bout du fil nu, rien ne resta, dérisoire, qu’une image vaine, l’effigie de l’Impossible, le geste de détresse d’un petit homme en croix dont le regard, sans comprendre, s’épouvantait lamentablement sur son œuvre.