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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/136

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LE ROI

— Ne te doulouse pas, dit le Gascon triste. Je vous aime tout d’un tenant, madame, et le prouverai. (Il la caressait) Front joli (il baisa le front). Jointes oreilles roses (il baisa l’oreille). Dents en fleurs (il baisa les dents). Ces mignonneries, à jamais, me garderont en repentailles, et je souffre de les quitter. Mais ni moins ni mais, faut agir ! Je suis las de faire le cliquepatin, rebuffé, babillé, moqué par tous. Est grand temps de montrer au monde qui je suis et ce qu’il y a dans la musette du Gascon. (Ses yeux se firent durs) Le roitelet va quitter Paris, le loup saille de faim hors de son bois, il va galoper et sè battre. Sans vous, madame, je serais au large bien loin, mais mon cœur s’est rompu à l’idée de fuir sans viatique. Votre bouchette, belle, qu’encore un peu je m’y pose.

Comme il la baisait de mal gré dans le nid blond de ses cheveux, il écouta :


Espace, appels de trompes, abois des chiens découplés, murmures.


— Après votre départ, dit-elle, n’y aura relais, je mourrai. Il me semble que mon cœur ne tient qu’à un fil.

— Que diriez-vous, cria-t-il, d’un amant qui serait déchu de la gloire ! Honte à qui pourrit à faire l’amour ! (Il mit un doigt sur son cœur) Je vous ai donné le plus pur d’ici. Pendant longtemps je fus l’oiseau de vos pipeaux, vous