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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/138

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LE ROI

connu le faux, je vais connaitre au delà ce qui est seul vrai, l’honneur, madame, et le danger. Courage ! toute vie n’est que peine. Voyez votre amoureux, n’est-ce pas lui le plus contraint ? Cependant il se raidit, et à l’après-quittée, ce soir, il clora la porte sur sa jeunesse dont la plus belle rose fut vous.

Ces paroles atterraient madame de Sauve. — Je vous ai servi tout sans cesse à votre contentement, sire, et vous me quittez. Je ne vous verrai plus…

— Gardez vos larmes diamantines, l’amoureux reviendra un jour.

— D’ici là je serai flétrie.

— La rivière qui mène et ramène ses flots, s’écria-t-il, ne connait point d’âge ! Les roses de vos joues pâliront que mon cœur fleurira encore, et vous resterez en lui, nouvelette, comme une relique au moustier ; je vous aime !


D’animales rumeurs erraient dans le vent, et les trompes de la chasse, en plainte, exhalaient un imperceptible « bien aller ». L’heure était morose comme ce qu’on quitte.


— Sire, pas encore… Soutenez-moi. Je suis si faible que rien plus.

— Non pareille ! doux bien ! ma fée ! cria le Gascon, c’est votre amour même qui me délie ! Il me donne force et ardeur. (D’Aubigné apparut dans les arbres noirs) Voici l’instant. Tarder me mettrait aux trousses la France entière, adieu