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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/148

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LE ROI

cha à son épouvante. Il releva la tête, bondit, bouscula d’Aubigné pleurant, et regarda…

Vision vermeille ! Six panneaux, dans le clair-obscur, projetaient en éblouissants jets de couleur une histoire figurée qu’il ne comprit pas tout d’abord, mais où revenait sans cesse son visage, depuis l’enfant de quinze ans jusqu’au présent homme.

Le roi vit cela d’un coup d’œil rapide.

— Le « Combat de Jarnac », dit d’Aubigné, vous y êtes superbe.

— Pourtant, murmura le Gascon, c’est en cette bataille que j’eus peur. (La peau de son visage blanchit comme une toile) Et la peur, ajouta-t-il, est infâme.

— Voyez, dirent les deux hommes.

La première tapisserie représentait l’enfant sur le terre-plein de Jarnac, entouré des héros antiques, respectueusement empressés, qui le couvraient de leurs palmes. Et Achille tenait la bride de son cheval, tandis que sa main gauche dardait une lance où ces paroles éclataient : « La vraie bravoure est de savoir vaincre sa peur. » La poitrine du roi s’ouvrit, allégée :

— Le deuxième panneau…

— Votre mariage. Le Gascon rougit.

Il était aux pieds de Marguerite, dans le pare de Blois, harnaché d’or et de velours, plus délicieux qu’Adonis ; et les soupçons qu’il avait soufferts cette nuit-là, ses craintes de mari futur et