Aller au contenu

Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
LE CAPITAINE

spectre fidèle et mince qui chancelait en soupirant, Rosny.

— Les autres ?

— Fatigués, sire…

Le Béarnais regarda les rues, blême de fureur. Mais après un geste désolé qui remettait tout au destin, il entraîna Rosny dans l’ombre.


Dès l’aube, averti par trois habitants, le gouverneur s’empressa vers la merveille. Tandis qu’il galopait, on lui fit croire que le Gascon avait été rejoint la nuit par de fraiches troupes, un millier de gendarmes dont l’air dispos faisait entendre qu’ils étaient tous prêts à recommencer. M. de Vésins, derrière son étendard blanc, regarda.

Il frémit.

Rangés en bataille sur leurs grands chevaux immobiles, immobiles eux-mêmes, deux régiments de gendarmes emplissaient la place et semblaient attendre, superbes, en de nobles poses d’orgueil. Le roi, vingt pas en avant d’eux, était formidable. Quand Vésins s’approcha, les huit hommes du premier rang firent un geste, mais les autres, plus fiers, ne bougèrent pas. Raides, fortement calés dans leurs selles par leurs lourds habits de métal, leurs terribles casques fermés penchaient en arrière, et sûrs de vaincre, dédaigneux des hommes, ils ne regardaient que le ciel.

— Sire, dit M. de Vésins, après dix-huit ba-