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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/199

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LE CAPITAINE

le pistolet. Le roi, dans l’ombre, les mit en cercle, et quand ils se furent touchés ensemble, poitrine à poitrine :

Monsieur de Challandeau, murmura-t-il, le soldat de la garnison ennemie corrompu par vous pour aider à notre escalade est-il homme sur lequel on puisse compler ?

— Je le crois, sire. C’est un Allemand qui veut laisser les armes pour les balances, il n’aime que le commerce. M. de Dangeau m’a remis pour lui sept cents écus.

— À quel moment doit-il nous jeter la corde ?

— À onze heures qu’il sera de veille sur le sommet de la tour.

— Comment recevrons-nous ce gros câble ?

— Attaché à une pierre pesante qu’il lancera par-dessus l’eau. Le bruit des hommes qui abandonneront la garde et redescendront dans la tour servira notre attaquement. Nous mettrons la passerelle que nous avons faite à l’endroit du fossé où la corde se présentera, et nous n’aurons plus qu’à grimper.

Aussitôt, clair dans le silence, un coup de baguette résonna sur la haute tour.

— C’est le signal… fit Dangeau.

Ils avaient à peine refoulé leur souffle qu’une pierre bondit dans l’herbe non loin d’eux. Un capitaine, M. de Verduzan, fut le premier qui la trouva.

— C’est le sort qui marque ma place, dit-il, je prie Votre Majesté de me la laisser.