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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/229

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LE CAPITAINE

Le deuxième jour on fit sept lieues. Avant la halte du soir, le Gascon vit passer l’armée dans un lourd nuage, et appela ses capitaines.

— Les troupes martiales, dit-il, ne font point poussières. Nos hommes n’ont plus la force de lever le pied. Il faudra que chacun de vous, dès demain, divertisse les piétons par des amusettes.

Aucun ne comprit. M. de Lanjuzan osa dire : — Ce sont de braves cervelles, mais pesantes, peu sujettes…

— Pesantes ! cria le roi coléreux. C’est vous autres plutôt qui leur semblez tous des ignares ! Au lieu de vous adonner aux niaiseries, béatilles et baguenauderies courtisanesques, si vous étiez descendu comme moi dans ces bonnes âmes campagnardes, vous y auriez frais ! Je vais leur siffler un air de mon invention, et vous allez voir s’ils comprennent.

Le lendemain, suivi de ses gentilshommes, il assista au départ, trotta près des arquebusiers à pied silencieux, et avisa quelques Toulousains :

— Çà ! Cà ! Cà ! héla-t-il en frappant ses paumes allègres, vous marchez comme des fileuses ! S’il en est parmi vous qui ne veulent point revoir la fille, embrasser la maman et goûter le vin de Saint-Mathurin, qu’ils demeurent arrière à chercher les puces des mulets ! Nous allons ensemble chanter l’histoire de « Marion qui voulut mariage ». Les soldats du côté de Toulouse qui ont un nid d’oiseaux sous la luette m’accompagneront au refrain. Je commence.