Aller au contenu

Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
LE CAPITAINE

sier d’or et faisait un tour au poignet de chaque soldat, les attachait l’un à l’autre et tous ensemble à leur chef.

— Et ils me l’ont bien prouvé, songea le roi. La deuxième le montrait, « par un de ces frais matins que les abeilles sucent les roses », arrêté dans une rue agenaise, et son cheval au repos. À travers la glycine tombante qui dérobe un gai jardinet, le royal promeneur parle à son amie retrouvée, la paysannelle de douze ans qu’il connut jadis en ce même enclos. Mais un Amour effrayé vole sur la jeune femme et l’aveugle de ses mains petites ; et elle rit en parlant à l’homme, sans savoir que c’est lui le roi.

Le Gascon baissa la tête.

La troisième tapisserie représentait la fin du glorieux assaut de Cahors. Le roi, seul, est en tête de ses deux régiments de gendarmes. Rangés en bataille sur leurs grands chevaux immobiles, les neuf cents hommes, alignés par fronts de huit, emplissent le marché désert, et semblent attendre en de nobles poses d’orgueil. Quand le gouverneur de la ville s’approche, une fumée moate de leurs casques, les fumées se joignent en l’air et forment ces mots : Rendez-nous Cahors, Le gouverneur épouvanté obéit.

— Ce symbole, murmura le roi, m’enseigne ce que fut l’affaire de cette ville, conquise par neuf cent cinquante « dormeurs », c’est-à-dire par du songe ou plus simplement de la fumée.

Il vint à l’autre tapisserie.