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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/251

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LE CAPITAINE

les nœuds enlaçaient la terre, indiquant que les troupes trop fortunées sont la proie de la nonchalance et qu’il est plus facile de déraciner un gros chêne que de déloger l’homme le plus humble du lieu où il s’accoutuma. Le Gascon hocha la tête.

Consacrées depuis par le succès, d’anciennes sentences lui revenaient en mémoire :

— À hardi homme court bâton, à vif général fine armée. Pyrrhus disait vrai : les foules sont lentes, mais une poignée d’hommes se retourne en un bref instant.

La septième tapisserie montrait les Auvergnats de l’  « Etrier » divisés par bandes de vingt-cinq entre les haies de gendarmes. Ils étaient sur le côté gauche du tableau, attendant la charge dont le tumulte entrait par le côté droit. Un groupe, le plus proche, s’ordonnait en quatre étages, mousquets tendus : le premier à terre, le deuxième à genoux, le troisième incliné, le quatrième, raide, dans les intervalles du précédent. À dix pas de l’ennemi, les bonnes et grosses têtes de ces hommes semblaient tranquilles. Des hameaux verdoyaient dans un nuage de fond, une Auvergne natale en fête d’où leurs parents et leurs femmes assistaient de loin au combat. La troupe de l’  « Etrier », sous ces regards, attendait fièrement Mayenne.

— C’était fête patronale chez eux, se souvint Henri, et ils la célébrèrent ce jour-là d’une héroïque façon ; je leur dus le gain de Coutras.

Il s’inclina devant ces paysans.

La huitième tapisserie montrait le Gascon à