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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/258

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LE ROI

frappée, prit un aspect sibyllin. Puis les désastres se précipitèrent. Ceux qui désiraient uniquement leur intérêt propre, sans souci du bonheur commun et pitié du mal national : rois, reines et princes disparurent cette année-là ; et réalisant l’espoir des mages, lesquels avaient prédit à la France « un Bourbon à la barbe claire », la Mort charmée enfin prit subitement fait et cause pour le soldat de Coutras, le héros joyeux à tête rouge, et en moins de quatre fauchées le débarrassa des puissants qui gardaient la route du trône. Le génie émeut la nature.

Cependant, cette triste année si fameuse ne débuta point aux souhaits du roi de Navarre. Paris catholique divisé en seize quartiers, en seize conseils, en seize maîtres, vingt mille hommes portant les armes complotèrent d’en chasser le roi roumain soupçonné par l’universelle folie « d’en vouloir à la religion », d’être hérétique. L’attentat des Barricades ayant échoué, le conseil des Seize écrivit à M. de Guise de sauver Paris. Après quelques tressaillements, le duc y entra, lundi, 9 mai, midi, escorté seulement de sept personnes.


Pendant ce temps, là-bas, en Gascogne, le roi de Navarre instruisait ses troupes :

— Un bon coup de lance, quand l’homme et le cheval sont forts, se donne à pleine course, en plat pays, le cheval frais, le fer bien émoulu, l’arrêt certain. Si la lance