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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/28

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LE ROI

ruent grandes coutillades, nous combattrons pour votre amour à tous bras. (Oc ! oc ! oc ! oc ! oc ! oc !) Maintenant, soit le mal, soit le bien, nous avons parlé ; vous poserez l’oreille et agirez, chacun sait. (Oc ! oc !) Votre grossesse est au terme, notre prince est vivant, le berceau est prêt, les langes là-bas l’attendent, bués de fin, et les chambrières agiles préparent le feu : venez accoucher, madame, au milieu de vos champs et de vos enfants.

— Ainsi ferai, dit la reine.

Dressés sur les pointes de leurs pieds nerveux, ils la regardèrent, n’osant croire… Mais un cri, soudain, rompit leurs gorges, et pilés par leurs dents pointues les jurons gascons retentirent ! Une frénétique joie d’enfants sauvages les renversa, les tordit, les éparpilla par bonds dans les prés. L’orgueil de ramener, non une reine, mais le roitelet, de le créer « natif », d’en faire un Gascon comme eux dilatait leurs rates, enlevait ces sauteurs de gouffres, à califourquet, grimaçants, les uns par-dessus les autres, lançait, distribuait au hasard des volées de gifles malignes et de gros sobriquets joyeux, les bérets volaient, et les outres lourdes pressées s’esclaffaient contre les figures en virulents jets de vin noir, tant enfin qu’essoufflés, à bout, ils retournèrent à leur Dame.

— … Mais auparavant, dit-elle, il me faut consulter le roi.

— Nous attendrons en confiance, dit Urrubarru.