Aller au contenu

Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
261
LE ROI

de pluie vers les tranchées royales. « Nous allons donc nous mouiller, dit Rosny en les voyant faire ; eau et sang vont joncher le sol de belles roses, allons les cueillir. Gens d’armes glorieux de Coutras ! cria-t-il aux siens, touchez-moi sans peur de l’arçon et passionnez-vous pour Henri ; vive le roi ! » Suivi seulement de cent cinquante hommes, il alla buter sur la charge dans un choc de fer qui fit écho à trois lieues : les uns contre les autres les premiers chevaux se broyèrent, on vit des hommes droits retomber chacun sur son cheval et de grands jets rouges bondir, à travers les mailles rompues, de leurs poitrines écrasées. Ils s’arrachèrent ensuite, à tout petits pas, tels deux gros vaisseaux transpercés de l’éperon. Profitant de ce recul, Rosny les galopa jusqu’à l’autre bout de la plaine, et ses hommes réduits à cent les allaient bientôt culbuter lorsque tout à coup quatre escadres neuves les enveloppèrent, et les époussetant de leurs pistolets les remirent. au grand galop dans leur premier poste. « Ho ! dit le comte d’Auvergne, c’était pourtant bien commencé ! » Il emmena cent cinquante chevaux, rejoignit ceux de Rosny, et la double bande, mousquets chargés, se précipita vers la charge en clamant à mort ! À cette vue, les ligueurs voltèrent, l’épouvante les prit aux reins, ils s’enfuirent, et les huguenots les poussèrent, conspuant à la confession, vers le tournant de la vallée où soudain, dans un hurlement, trois mille cavaliers, comme Méduse, s’élancèrent d’un retrait pour