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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/298

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LE ROI

vos pieds en fureur ! Vous ne voulez done point de la victoire ?

— Sire ! meugla la foule, à Dreux, à Dreux !

Ceux-là relancés, il saisit les gris capitaines :

— À l’action, messieurs ! Attelez-vous à vos compagnies ! J’en connais qui sont las déjà, mais encore un effort, et Dreux est à vous ! Veuillez seulement, il n’en faut pas plus pour exécuter ! On disait quand j’étais enfant que je ne me contenterais pas d’une fraise à l’âge d’homme, et c’était raison ; faites comme moi !

La marche avalait les routes, et on voyait se cambrer les vieux mestres de camp. Le Gascon en désigna un au passage :

— Monsieur de Tourrenquets, il faisait plus chaud sous votre cuirasse le grand 21 de ce mois de septembre ! Capitaines Gramoulas, Loup, Ohierp, Soublecause, Artiguedieu, Puyssentut ! compagnons d’Arques, vous ne vous êtes point nettoyés ce matin, comme les dames, au blanc jus de coque d’œuf, vos visages flamboient si rouges qu’à plus d’un ennemi vous pourriez revendre de la santé !

— C’est mauvais commerce, sire.

— Et vous, monsieur l’enseigne dont les armes sont neuves, d’où êtes-vous ?

— Sire, dit l’officier, vous avez souvent mangé du pain de mon père.

La compagnie gronda de joie.

— Et où ?

— À Nérac, sire, où nous étions boulangers.