Aller au contenu

Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
284
LE ROI

Rien d’insolite. Mais comme ils rampaient, l’un des deux soldats du Gascon toussa encore. L’œil royal s’alluma d’un feu d’escarboucle :

— Je devrais percer l’importun, râla-t-il tout. bas, il attire le deuil sur nous.

Tels que des serpents à la file, les fantômes ployaient les herbes, s’avançaient. Dès lors, on n’entendit plus tousser. Cette marche nocturne dépassa la première des sentinelles aveuglée par le brouillard que soufflait sa bouche dans ses mains froides, et traversa le regard de l’autre qui songeait et parut de pierre. L’homme qui avait toussé semblait guéri. Le roi, qui venait de voir, s’en alla insensiblement dans un pré où son escorte vint le rejoindre ; on fit le cercle.

— C’est là qu’il nous faudra mettre nos canons pour couper cette contrescarpe. Et vous autres, dit-il soudain aux soldats, vous avez failli nous perdre par vos tousseries. Lequel d’entre vous nous mit ainsi en danger ?

— C’est mon camarade, sire, répondit quelqu’un, mais il n’est plus avec nous.

On se compta. Il manquait. Deux hommes refirent le chemin et le ramenèrent. On comprit alors. À la seconde observation du roi, il s’était silencieusement guéri de sa toux : le poignard était dans son ventre et sa main serrait le poignard.


Le roi partit, l’âme déchirée. Le 7 et le 8, l’événement attrista les troupes, mais l’assaut du 9 mars dissipa ces ombres. Les approches mor-