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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/319

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LE ROI

mie. (Son cheval s’arrêta, enfoncé en terre) Et maintenant que tout est prêt, c’est à vous Monsieur de la Guiche !

Neuf grandes volées de foudre, à son ordre, s’abattirent dans l’armée ligueuse. Il était midi ; la bataille était commencée.


Le duc de Nemours que matrassait ce canon lança aussitôt les six cornettes de Brunswick contre la batterie royale. Le comte d’Auvergne et le baron de Givry, dégainant chacun, s’avertirent d’un bref guin d’œil, et massant leurs quatre. cents chevaux, accoururent contre les reitres. Affolés par ce grand bel ordre, les escadrons de Brunswick, en terreur, déchargèrent leur poudre. aux oiseaux et revinrent sur le front des Suisses qui serrèrent les intervalles pour ne pas les laisser passer ; l’ennemi les huant à honte, ils s’enfuirent de là vers les lansquenets allemands leurs compatriotes qui baissèrent aussitôt les piques, et après avoir mis l’aile droite de Mayenne en fâcheux désordre, on les vit disparaître enfin du champ valeureux d’Ivry où les deux armées, nauséant un même dégoût, respirèrent…

— Le vilain spectacle ! dit le roi outré. Attention ! s’écria-t-il aussitôt, il s’élance à nous une meute autrement gaillarde. Maréchal d’Aumont, baron de Biron, prenez partie !

— Charge ! cria le vieux maréchal.

Les deux troupes bondirent, sur un front unique, au martial galop, jusqu’à dix pas des ligueurs ;